Vous connaissez tous ce « jeu » consistant à mettre une cartouche dans le barillet d’un revolver, à tourner ce dernier de manière aléatoire, puis à pointer le revolver sur sa tempe avant d’actionner la détente...

Enoncé

Trois personnes (Aldire, Basilus et Cléophilie) jouent à la roulette russe de la façon suivante :
On fait tourner une fois le barillet au début, puis chacun appuie sur la détente à son tour (Aldire, puis Basilus, puis Cléophliie).

Préféreriez-vous être à la place d’Aldire, de Basilus ou de Cléophilie ?
(Bien sûr, le mieux est encore de ne pas jouer à ce jeu stupide...)

Solution

Ils ont tous les trois la même chance de perdre...

Mais... attention à l’équiprobabilité

Dans le cas où le revolver est tenu à l’horizontale, le poids de la balle fait que le barillet a tendance à s’arrêter avec le projectile se trouvant en bas, augmentant ainsi les chances que le tir se fasse à sec.

L’affirmation que les chances sont égales pour chaque chambre du barillet de se trouver sous le marteau est donc contestable.

L’une des solutions pour éviter l’influence du poids de la balle serait de tenir l’arme avec le canon pointé vers le bas ; le barillet tourne alors sur un axe vertical et non plus horizontal.

Et le 100% de chances de perdre

En utilisant non pas un revolver, mais un pistolet, on ne peut que perdre !

En effet, dans ce type d’arme, une cartouche est automatiquement chambrée dès lors que le magasin n’est pas vide et que le chien est armé.

Les Darwin Awards [1], citant le Houston Chronicle [2], rapportent que le 28 février 2000, à Houston, un jeune homme de dix-neuf ans, dénommé Rashaad Taylor, s’est tué en jouant à la roulette russe de cette manière, ne réalisant pas qu’il ne pouvait que perdre.

Aspect psychanalytique (freudien [3])

L’attirance pour le jeu de la roulette russe, et donc malgré l’aspect morbide qu’il représente, lié à la pulsion de mort, est un psychodrame suicidaire, qui se joue derrière l’aspect « ludique », (ou « criminel », quand le « joueur » est contraint, sous la menace exercée à l’encontre d’otages, de proches, ou d’innocents pris au hasard, voire : directement à son encontre..).

La forme d’entrée (initiare...), se fait par « effraction », dans une dimension sur-humaine, (sous l’apparence de défi « l’aspect jeu », qui se veut prise de risque, (ici sans considérer l’aspect « triche »...), et s’opère en regard de l’instinct fondamental de survie (dit : instinct de conservation, authentiquement animal...), qui habituellement, et bien normalement, nous protège de la pulsion de mort.

L’entrée dans le (processus du) « Jeu » place dès lors le joueur en position d’équilibre parfait (et aussi : parfaitement instable..), entre pulsion de vie et pulsion de mort, situation tellement « extra-ordinaire », qu’elle ne pourrait se comparer qu’à celle qui serait vécue par quelqu’un se trouvant dans l’œil du cyclone, c’est une situation de « fifty-fifty » existentiel, un « instantané », où le temps se fige, où la durée n’est plus, un « suspens », une intrigue insupportable assimilée dans l’inconscient à l’ultime retenue de l’extrême tension précédant l’éjaculation, on n’a d’ailleurs pas d’exemple connu du jeu de roulette russe « au féminin », hors cas toujours envisageable et pas impossible, de « contrainte » dans un cadre pervers.

P.-S.

Au risque de me répéter, le mieux est encore de ne pas jouer à ce jeu plus que stupide !

Notes

[1] En anglais, Gun Safety Training, proposé par Casey, Larry Legendre, Eric Burns, Richard Lacap et Brian Miller pour les Darwin Awards 2000.

[2] En anglais, Game with pistol fatal, The Houston Chronicle, 1er mars 2000.

[3] « Au-delà du principe de plaisir (pulsion de vie, pulsion de mort) », Sigmund Freud, 1920.