Encyclopédie Atypique Incomplète
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
Incomplète, car toujours en construction au gré des jours, avec sérieux, curiosité et humour.
Atypique, car toujours dans l'esprit de la connaissance par l'observation et la pratique.
mardi 25 août 2009
Article XII - De l’art d’attaquer par le feu
Sun Tzu dit : Les différentes manières de combattre par le feu se réduisent à cinq.
La première consiste à brûler les hommes ;
la deuxième, à brûler les provisions ;
la troisième, à brûler les bagages ;
la quatrième, à brûler les arsenaux et les magasins ;
et la cinquième, à utiliser des projectiles incendiaires.
Avant que d’entreprendre ce genre de combat, il faut avoir tout prévu, il faut avoir reconnu la position des ennemis, il faut s’être mis au fait de tous les chemins par où il pourrait s’échapper ou recevoir du secours, il faut s’être muni des choses nécessaires pour l’exécution du projet, il faut que le temps et les circonstances soient favorables.
Préparez d’abord toutes les matières combustibles dont vous voulez faire usage : dès que vous aurez mis le feu, faites attention à la fumée. Il y a le temps de mettre le feu, il y a le jour de le faire éclater : n’allez pas confondre ces deux choses. Le temps de mettre le feu est celui où tout est tranquille sous le Ciel, où la sérénité paraît devoir être de durée. Le jour de le faire éclater est celui où la lune se trouve sous une des quatre constellations, Qi, Pi, Y, Tchen. Il est rare que le vent ne souffle point alors, et il arrive très souvent qu’il souffle avec force.
Les cinq manières de combattre par le feu demandent de votre part une conduite qui varie suivant les circonstances : ces variations se réduisent à cinq. Je vais les indiquer, afin que vous puissiez les employer dans les occasions.
Les différentes manières de combattre par le feu, telles que je viens de les indiquer, sont ordinairement suivies d’une pleine victoire, dont il faut que vous sachiez recueillir les fruits. Le plus considérable de tous, et celui sans lequel vous auriez perdu vos soins et vos peines, est de connaître le mérite de tous ceux qui se seront distingués, c’est de les récompenser en proportion de ce qu’ils auront fait pour la réussite de l’entreprise. Les hommes se conduisent ordinairement par l’intérêt ; si vos troupes ne trouvent dans le service que des peines et des travaux, vous ne les emploierez pas deux fois avec avantage.
La nécessité seule doit faire entreprendre la guerre. Les combats, de quelque nature qu’ils soient, ont toujours quelque chose de funeste pour les vainqueurs eux-mêmes ; il ne faut les livrer que lorsqu’on ne saurait faire la guerre autrement.
Lorsqu’un souverain est animé par la colère ou par la vengeance, qu’il ne lui arrive jamais de lever des troupes. Lorsqu’un général trouve qu’il a dans le cœur les mêmes sentiments, qu’il ne livre jamais de combats. Pour l’un et pour l’autre ce sont des temps nébuleux : qu’ils attendent les jours de sérénité pour se déterminer et pour entreprendre.
S’il y a quelque profit à espérer en vous mettant en mouvement, faites marcher votre armée ; si vous ne prévoyez aucun avantage, tenez-vous en repos ; eussiez-vous les sujets les plus légitimes d’être irrité, vous eût-on provoqué, insulté même, attendez, pour prendre votre parti, que le feu de la colère se soit dissipé et que les sentiments pacifiques s’élèvent en foule dans votre cœur. N’oubliez jamais que votre dessein, en faisant la guerre, doit être de procurer à État la gloire, la splendeur et la paix, et non pas d’y mettre le trouble, la désolation et la confusion.
Ce sont les intérêts du pays et non pas vos intérêts personnels que vous défendez. Vos vertus et vos vices, vos belles qualités et vos défauts rejaillissent également sur ceux que vous représentez. Vos moindres fautes sont toujours de conséquence ; les grandes sont souvent irréparables, et toujours très funestes. Il est difficile de soutenir un royaume que vous aurez mis sur le penchant de sa ruine ; il est impossible de le relever, s’il est une fois détruit : on ne ressuscite pas un mort.
De même qu’un prince sage et éclairé met tous ses soins à bien gouverner, ainsi un général habile n’oublie rien pour former de bonnes troupes, et pour les employer à sauvegarder État et à préserver l’armée.
Un article sur l’auteur : Sun Zi ou Sun Tzu ou Souen Tseu ?
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Traduction par le père Amiot, un jésuite qui vécut en Chine au 18e siècle et fut un haut fonctionnaire de l’État chinois ; elle date de 1772.
Le texte, libre de droits, est livré tel quel sans garantie de son intégrité parfaite par rapport à l’original.