Le Concept
Plus prosaïquement de la gare de la Part Dieu jusqu’à la Croix-Rousse...
Puis jusqu’à l’un des antres de Bacchus pour se désaltérer et se sustenter un peu !
Le Parcours (une bonne heure et demi de promenade)
Cet itinéraire présente l’avantage de ne pas être trop en présence des voitures, même si on est dans un milieu très urbain.
- Gare de la Part-Dieu
Le départ se fait depuis la gare de la Part Dieu.
Cette gare est aussi une sorte d’immense « traboule » puisqu’elle permet de joindre la rue de la Villette au boulevard Vivier Merle...
Construite selon une architecture peu commune pour les gares françaises, la gare de Lyon-Part-Dieu se compose de deux niveaux : une halle au niveau du rez-de-chaussée fait office de bâtiment voyageur où sont situés les points de vente des commerces alors que les quais, auxquels on accède par des escalators, sont situés au niveau supérieur.
Elle a été mise en service le 13 juin 1983 (remplaçant la gare de Lyon-Brotteaux qui a été fermée la même année) dans le cadre d’une opération d’aménagement urbain qui a vu la création d’un second centre ville de Lyon.
La gare de Lyon-Part-Dieu est l’une des premières gares de correspondance de la SNCF aux niveaux international, national et régional, et elle est la première gare européenne en termes de passagers en correspondance.
Lyon comporte cinq autres gares, la gare de Lyon-Perrache, la gare de Lyon-Vaise, la gare de Lyon-Saint-Paul, la gare de Lyon-Jean Macé ainsi que la gare de Gorge de Loup. Une sixième gare, la gare de Lyon-Croix-Rousse a été fermée. On peut ajouter à cela d’autres gares situées en banlieue comme celle de Vénissieux, d’Oullins ou celle de l’aéroport Lyon-Saint-Exupéry.
- Le boulevard Vivier-Merle
On le traverse en prenant garde de ne pas se faire renverser par les nombreux bus, taxis ou encore le tramway que les anciens lyonnais appellent « tramevet ».
Marius Vivier Merle est né à Legny le 18 juillet 1890, tué à Lyon le 26 mai 1944 par des bombardements alliés. Il a été dirigeant de la CGT, administrateur de l’Antiquaille, il a participé à la résistance en fondant le mouvement Libération et en maintenant un bureau syndical clandestin. Il est enterré au cimetière de la Guillotière.
La tour de la société Suisse date de 1989, son altitude a été limitée à 82 mètres. En vengeance, cette société est parvenue à bloquer tous les projets de tour à l’angle de la rue de Bonnel et du boulevard, menaçant de procès toute construction qui lui ferait de l’ombre... Jusqu’à la tour Oxygène.
- La Bibliothèque Municipale
On longe le trottoir sur la gauche et on se dirige en direction du silo de la bibliothèque municipale de la Part-Dieu, où la proximité des deux millions de volumes nous rendront déjà plus affranchis des connaissances lyonnaises et même universelles...
La bibliothèque a été construite de 1969 à 1975, on y a ajouté une porte sur le boulevard en 2006, une sorte de vaste tuyau carré. Le silo à livres domine, il est carrelé de brun, presque sans ouvertures...
C’est la plus grande bibliothèque municipale de France.
Un passage arboré nous extraira de la circulation automobile après avoir traversé la rue Servient qui descend sous le centre commercial, il nous conduira dans le temple de la consommation du centre commercial de la Part Dieu.
- Le Centre Commercial
On prend l’allée à droite jusqu’à la place centrale où nous pourrons admirer les jets d’eaux et le double escalier en spirale.
Ouvert en 1975, sur cinq niveaux (dont un petit niveau souterrain pour l’accès par le métro), le centre commercial de La Part-Dieu est un des plus grands de France, au même titre que Les Quatre Temps de La Défense à Paris ou que Vélizy 2.
Mais c’est le plus grand centre commercial de centre-ville d’Europe en nombre de magasins, et le troisième pour la fréquentation annuelle.
Le 3 mai 2010, grâce à l’adjonction de la tour Oxygène, l’ouverture du Cours Oxygène augmente de près de 11 000 m2 la surface de vente du centre commercial... Que de magasins !
- La Tour Part-Dieu (alias le Crayon !)
On ressort du centre commercial (encore une sorte de traboule géante) par la porte de l’esplanade où on sera écrasé par les 165 mètres de la tour Part Dieu avec ses 42 étages et ses 14 ascenceurs.
Œuvre du cabinet américain Araldo Cossutta & Associates et bâtie entre 1972 et 1977, la tour mesure 164.9 mètres de haut. Son dernier étage est surmonté d’une pyramide de 23 m de haut qui a valu à la tour le surnom affectueux de « crayon ».
C’est le plus haut gratte-ciel français qui ne soit pas situé en Île-de-France.
Selon les souhaits de l’architecte, le sommet de cette tour se situe sensiblement à la même hauteur que la basilique Notre-Dame de Fourvière.
Ses sept derniers étages abritent le plus haut hôtel d’Europe, aujourd’hui le Radisson.
Une webcam accessible au public (c’est à dire que les internautes peuvent la faire bouger et zoomer) est installée au sommet de la tour et permet d’obtenir une vue panoramique sur presque toute la ville (suivre ce lien pour la piloter).
Dans sa chanson « Lyon-Presqu’île » sur l’album La Superbe, Benjamin Biolay (né à Villefranche-sur-Saône) inclut la « ’tour en stylo bille’ » dans son panorama des principaux monuments de la ville.
- L’Auditorium Maurice Ravel
On laisse la tour sur notre gauche et on descend quelques escaliers de l’amphithéâtre qui fait face à l’impressionnant auditorium de Lyon.
Le bâtiment fut inauguré le 14 février 1975, après trois années de travaux.
Ses architectes furent Charles Delfante, concepteur du quartier de la Part-Dieu, et Henri Pottier. Il fut la première salle de France construite sans piliers et en béton précontraint (à l’instar de nombreux bâtiments environnants du quartier), l’auditorium se veut résolument moderne, en forme de coquille Saint-Jacques.
Le rapport idéal que sa forme de théâtre romain crée entre le plateau et le public, lui permet d’accueillir près de 2150 personnes dans des conditions ergonomiques et acoustiques (gros travaux de rénovation entre 1993 et 2002) exceptionnelles.
L’Auditorium Maurice Ravel accueille l’ancien orgue du palais du Trocadéro, construit par le facteur Aristide Cavaillé-Coll pour l’Exposition universelle de 1878 à Paris, reconstruit au palais de Chaillot en 1939 par Victor Gonzalez et son fils Fernand, puis installé à Lyon par Georges Danion en 1977. Cet instrument, qui est aujourd’hui le seul grand orgue de salle de concert en France, compte 82 jeux sur 121 rangs et 6508 tuyaux.
C’est la salle de résidence de l’Orchestre National de Lyon qui utilisait auparavant la Salle Rameau.
- Les Halles de Lyon (Halles Paul Bocuse aujourd’hui...)
On est prudent pour traverser la rue Garibaldi et on s’aide des rails du tramway pour nous engouffrer sur notre droite dans les halles de Lyon (c’est une nouvelle traboule en direction du cours Lafayette).
A l’origine, la Halle centrale de Lyon était installée place des Cordeliers entre la rue Buisson (rue Antoine Sallès depuis 1962) et la rue Claudia. Le préfet Vaïsse confia à la Compagnie de la rue Impériale la charge d’édifier ce qui n’était à l’origine qu’un vaste marché couvert. La conception de la structure métallique était l’œuvre de l’architecte Tony Desjardins. Les travaux commencèrent au printemps 1858, sous la direction de l’ingénieur Martin.
L’inauguration eu lieu le 1er mars 1859. Le marché se transforma en Halle lorsque les commerçants obtinrent l’autorisation de laisser en permanence leurs bancs et balances. Mais au fil des années, la Halle devint trop petite et trop vétuste. Le stockage des denrées ne correspondait plus aux normes d’hygiène et le stationnement posait également des problèmes.
A la fin des années 1960, le maire de l’époque, Louis Pradel, souhaitait la construction d’une nouvelle Halle dans le quartier de la Part-Dieu, en remplacement de celle des Cordeliers. L’ancienne halle est démolie en janvier 1971, alors que celle actuelle a été inaugurée en février 1971...
De nombreux commerçants y vendent la plupart des délices dont nous régalent les restaurants lyonnais : huîtres, fromages, saucissons et quenelles, entre mille autres bonnes choses.
Les Halles ne sont pas uniquement un marché ou l’on vient faire ses courses. Il est également possible de s’y restaurer : on peut mâchonner, déguster des huîtres et des moules, ou bien s’installer à table dans un bouchon... Ambiance garantie. Miam !
- La Place de l’Europe
Cette place a été aménagée dans l’euphorie de la construction de l’union européenne, les édiles lyonnais ont eu l’envie de dédier une place à l’Europe... D’ailleurs le drapeau bleu à étoiles flotte fièrement (normalement) à un mat.
La place a été aménagée en deux temps forts :
- Le premier autour de 1900, il a été aménagé une école qui donne sur le cours Lafayette au moment de la grande avancée de l’école obligatoire.
- Le deuxième, en deux vagues à partir de 1963 et 1969, où le quartier a fait l’objet d’énormes programmes de démolitions et de reconstruction qui ont enfin aboutis vers 1980.
Sur notre droite, on peut contempler une école de la troisième république, l’école Jean Jaurès, qui nous fait faire un premier bond provisoire dans le temps, mais il nous reste à traverser l’« harmonieuse » place de l’Europe avant d’entrer réellement dans le 19e siècle.
(le terrain de basket doit être assez couru puisqu’un site spécialisé le répertorie comme le troisième de l’agglomération en qualité... Qui a amené son ballon ?)
- L’Eglise Saint Pothin
On continue tout droit jusqu’à la rue Bugeaud que nous prendrons à gauche en direction de l’église Saint Pothin, curieusement construite (en 1836) au milieu de la rue (l’urbanisation autour s’est faite en plusieurs temps) !
Vue de dos, c’est une église bien classique avec son clocher pointu mais toutefois avec un dôme circulaire original. Saint Pothin fut le premier évêque de Lyon, on le trouve parfois sous le nom de Phostin ou Faustin, un saint vénéré au moyen âge pour son pouvoir sur les fauves, à rapprocher du martyr de sa disciple Blandine que les fauves épargnèrent à l’amphithéâtre des trois Gaules.
En levant les yeux, le clocher de Saint Pothin semble se prolonger indéfiniment. En fait, il s’agit de la tour métallique de Fourvière qui se dessine derrière...
Cette église est surtout remarquable par ses massives colonnes, qui lui donnent une belle allure de temple grec avec cette double rangée, que nous découvrirons après l’avoir contournée au niveau du square Edgard Quinet.
- Rue Bugeaud
Dans tout notre cheminement dans cette rue, que nous suivrons jusqu’au Rhône, nous serons entourés principalement de constructions du 19e siècle, surtout la première partie qui est typique des Brotteaux avec des façades lourdement décorées.
La partie ouest de cette rue était prévue sur le plan Morand de 1766.
L’immeuble du 34 date de 1959.
Au 37, une plaque rappelle que Yves Farge a organisé à son domicile les réunions préparatoires à la libération de Lyon en 1944.
Au 104, la porte a une fausse allure médiévale, le flanc de l’église montre de beaux contreforts et masque les vitraux.
Le bâtiment du 119 date de 1965.
Certaines façades sont jolies, comme au 136, avec une tête d’enfant à la place de l’habituelle tête du propriétaire.
La première Montgolfière se serait élevée à l’angle de la rue de Créqui et de la rue Bugeaud...
- Passerelle du Collège
On traverse ensuite la passerelle du collège (d’une longueur totale de 198 m) où nous pourrons admirer le cours majestueux du Rhône et les perspectives sur la ville (on tourne la tête à droite et à gauche...).
Lors des travaux de construction de cette passerelle en 1844, un terrible accident arriva, un des boulons soutenant les câbles porteurs céda et 25 ouvriers furent précipités dans le Rhône glacé de décembre, 8 d’entre eux y laisseront la vie.
En 1944 les Allemands font exploser une partie de la passerelle lors de leur départ de la ville. Une des piles est reconstruite quasiment à l’identique en pierres appareillées (celle du milieu porte une inscription commémorative), et elle est enfin réouverte au public le 3 septembre 1945.
- Lycée Ampère
On traverse ensuite le passage rue Ménestrier, avec des galeries à l’Italienne (on lève les yeux), du lycée Ampère ancien collège des Jésuites.
D’ici d’ailleurs vient la collection de livres qui a initié la bibliothèque près de laquelle nous avons commencé la ballade. Lyon a d’ailleurs la garde des 500 000 volumes de la collection moderne des Jésuites.
Création en 1519 de l’école des Confrères de la Trinité, qui dépend d’une association de l’église St Nizier. Puis en 1565, les Jésuites diversifient l’enseignement, agrandissent les bâtiments et édifient cinq chapelles ainsi qu’un pensionnat (collège actuel)... L’établissement prend une dimension nationale.
En 1802, Bonaparte, alors Premier Consul, est proclamé Président de la République Cisalpine dans la grande chapelle du lycée, en présence des députés italiens.
Sous la Restauration et la Monarchie de Juillet, le Lycée prend le nom de Collège Royal. En1830, une Ecole de Commerce est annexée au Collège en même temps qu’est lancée l’étude des langues vivantes.
Le Collège Royal devient Lycée de Lyon après la Révolution en 1848 qui rétablit le drapeau tricolore et le tambour au Lycée.
En 1888, le Lycée de Lyon est baptisé Lycée AMPERE en mémoire d’André Marie Ampère, savant et philosophe, qui enseigna au début du siècle et à qui l’on doit la théorie de l’électromagnétisme, le galvanomètre, le premier télégraphe électrique et l’électroaimant.
En 1919, après la première Guerre Mondiale qui coûte la vie à 550 élèves et professeurs, l’internat et les classes préparatoires sont transférés au tout nouveau Lycée du Parc. Le lycée est alors réaménagé, les dortoirs transformés, l’éclairage électrique installé...
André-Marie Ampère, Charles Baudelaire, Alphonse Daudet, Edouard Herriot ou encore Michel Noir, Robert Badinter, Jacques Martin, Bernard Pivot, et même Raymond Domenech l’ont fréquenté...
- Rue de la Bourse et du Garet
On prend ensuite à droite la rue de la Bourse, qui se transforme en rue du Garet, dans un environnement du 18e siècle. On y côtoiera la maison du révolutionnaire Chalier et celle de l’écrivain Daudet, avant de longer l’opéra, rénové tout en habit de noir.
- Coté est, l’austère façade du lycée Ampère date de 1617, le père Martellange en dessina les plans. Elle est ponctuée par le porche du passage Ménestrier, une porte à l’imposte gravée en l’honneur du collège de la Trinité et par le fronton de la chapelle dont l’intérieur est un superbe décor baroque. L’énorme pierre, clef de voûte de la dernière entrée, semble une épée de Damoclès.
- Coté ouest, la maison du grand tambour gravé au-dessus de la porte date de 1670.
- En face, deux femmes en imposte veillent dignement sur l’argent de la Caisse d’Epargne, signé Bellemain, 1903.
Ensuite, ce sont majoritairement des bâtiments typiques de la reconstruction de la presqu’île autour de 1850, un peu décorés, avec une belle porte au n°6. Coté impair, la rue se termine par un parfait alignement de façades de cette époque.
- La Bourse de Lyon
La rue longe le bâtiment de la chambre de commerce qui autrefois abritait les séances de la Bourse de Lyon, première Bourse de France (la cotation s’est tenue dans ce palais de 1860 à 1983) !
En 1853 est décidée la construction du Palais du Commerce. Il doit réunir un musée d’art et d’industrie, des magasins, la compagnie des agents de change et des courtiers en soie (ceux qui créront le Crédit Lyonnais) ainsi que la chambre de commerce et le tribunal de commerce. Le 4 août 1854, René Dardel –architecte du pont la Feuillée, des halles couvertes de la rue de la Martinière et du percement de la rue Victor Hugo– est choisi par le préfet Claude-Marius Vaïsse pour la construction de l’édifice, contemporain des percées du Second Empire.
La construction démarre en 1856 et la première pierre est posée le 15 mars. Le bâtiment est inauguré par Napoléon III et l’impératrice Eugénie le 25 août 1860.
C’est en sortant de l’édifice le 24 juin 1894 que le président de la République Sadi Carnot se fait assassiner par l’anarchiste Sante Geronimo Caserio sous les fenêtres donnant sur la rue de la République. Une plaque commémorative est présente à l’endroit précis.
Après avoir longé la place de la Bourse et sa fontaine sourdant d’un énorme bloc de granite noir, on suit le flanc du palais de la Bourse, en bel appareillage de pierres, richement décoré de têtes, de femmes, de diables et de lions.
- Opéra de Lyon
On n’oublie pas dans notre admiration de la mairie qui lui fait face, de nous retourner pour nous ressourcer (et nous extasier) devant les huit muses de l’opéra qui honorent huit arts (amis du ciel, pensez un instant à la muse de l’astronomie... qui devait être la neuvième et qui a disparu).
- Place des Terreaux
On longe ensuite l’Hôtel de Ville de Lyon, qui, avec le musée des Beaux-Arts se trouvant sur la place des Terreaux, nous mettra dans une ambiance du 17e siècle.
En tout cas, on ne manquera pas d’admirer Henri IV sur son cheval, la belle fontaine de Bartholdi, , le jardin Saint Pierre, l’hôtel de Milan et les deux somptueuses portes de l’Hôtel de Ville et du palais des Beaux-Arts ; et si on passe par là vers 18 heures, quelques notes de carillon viendront égailler notre périple.
On finit ensuite de traverser la place pour prendre la rue Sainte Marie des Terreaux, un peu interlope, mais qui nous conduira à la suite de notre expédition.
- Place des Capucins
On essaiera de prendre une traboule tortueuse pour arriver sur la jolie place des Capucins, si elle est fermée (ce qui est hélas le cas bien souvent) on empruntera simplement les escaliers...
Cette place date du début du 19e siècle, elle a été créée par la démolition d’immeubles antérieurs ; elle partage son nom avec la rue qui y mène, nom qui vient de l’implantation de moines Capucins à l’est de la place, et qui eux-mêmes le tenaient du capuce qui couvrait leur chef.
Deux ouvertures laissent apparaître d’autres maisons en retrait, ce sont elles qui cachent justement les traboules, celle vers la rue des Capucins cache un étrange ascenseur triangle et un majestueux escalier rond, c’était l’ancien couvent des Capucins de 1622 à 1796.
Au sud, on peut admirer la belle maison de la scientologie, carré de deux étages, dressée sur un piédestal de trois marches...
Jusqu’au tournant du 21e siècle, une vieille dame a longtemps vécu dans la devanture d’un commerce en compagnie d’un chat et de quelques oiseaux en cage. Elle renforçait le pittoresque de la place car son maquillage extravagant en faisait une figure inoubliable du quartier.
Un léger virage ensuite, et là, soit on tombe la veste, soit on lève les yeux au ciel, car nous remontons notre dernier siècle et aussi la plus rude pente du parcours.
- Montée de la Grande Côte
Nous voici enfin dans la montée de la Grande Côte, entourés de maisons du début du 16e siècle, dans la montée la plus emblématique des pentes de la Croix Rousse.
Cette route était bordée de maisons de bientôt 500 ans, mais la machine à remonter le temps s’est quelque peu déréglée, car sur la droite vers la place du Chat Noir, on est dominé par un HLM témoignant du dernier gros acte de vandalisme perpétué par la municipalité qui a rasé tout le bloc de maisons vers la fin des années 1980.
Un peu plus haut, un jardin bien agréable témoigne d’un autre acte de « vandalisme », puisqu’en 1975, au moment même où la Part Dieu montait hors du sol, des engins de chantier rasaient ici des maisons de la fin des années 1500 pour la plupart.
- Esplanade de la Grande Côte
Bon, pas trop de regrets architecturaux, les nouveaux escaliers particulièrement bien conçus adoucissent la pente au milieu d’une jolie végétation, dont des mûriers (essence d’arbre emblématique de Lyon), et enfin, après un ultime passage, on se retrouve sur une magnifique esplanade dont la vue sur Lyon n’est égalée que par celle de Fourvière.
- Place Colbert
La place avait été dessinée sous le nom de place du « Marché couvert », elle est bordée sur trois cotés d’immeubles de cinq étages, ils ont tous été construits de 1840 à 1850.
La partie nord part en butte arborée, derrière laquelle se cache la forme massive de l’église Saint Bernard, la plus cachée de Lyon.
La plus célèbre traboule de Lyon, la traboule dite « des Voraces » s’emprunte par le sud de la place. L’escalier de pierre qui fait face à l’entrée dans la cour est impressionnant, d’autant que l’ensemble a été rénové en 1995.
Jean Baptiste Colbert est né à Reims en 1619, il est mort à Paris en 1683. Il est surtout connu comme ministre de Louis XIV, dirigeant les finances de la France, favorisant les manufactures et le commerce. Il a fondé l’académie des sciences et l’observatoire de Paris. Etant jeune, Colbert, qui était fils de drapier, a fait un stage à Lyon chez le négociant Mascrani qui a aussi sa rue dans le quartier. Moins anecdotique, en 1667, c’est lui qui a mis en place le règlement de la grande fabrique organisant la manufacture de la soie à Lyon.
- Petite rue des Feuillants
Les Feuillants y ont eu leur monastère Saint Charles de 1619 à la révolution, l’ordre des Feuillants avait été fondé au 16e siècle par Jean de la Barrière à partir de la règle cistercienne.
Les façades hautes se font face, elles sont dans le style du 19e siècle, 4 à 5 étages, sans fioritures.
Parmi les détails à remarquer, une belle série d’arcades au n°2 ainsi que sa porte au solide heurtoir, et la porte du n°4 aux initiales BF. Le n°9 est une traboule fermée vers la rue de Thou. En face, le n°8 ouvre la voie à un dédale de cours qui ressort dans la maison Tholozan.
En bas de la rue, un grandiose portail à colonnes mène à la cour du Moirage qui traboule avec la place Croix Paquet. En poussant la porte à droite, on se trouve dans l’une des plus belles maisons de Lyon qui est l’ancien couvent des Feuillants. Deux éléments sont remarquables, l’escalier en pierres calcaires d’une blancheur magnifique et le toit pointu qui a inspiré le César, mais aucun ne se voit de la rue. La vue du dernier étage est magnifique, dégagée sur les 4 points cardinaux, mais si vous n’êtes ni propriétaire ni invité chez lui, il est impossible d’en profiter. Le panneau touristique nous apprend que l’ensemble a été édifié de 1662 à 1664 par l’architecte Perret et le maçon Girardon.
- Et enfin... La pause gourmande !
Il suffit de lever les yeux pour trouver dans cette rue un certain nombre de tavernes qui vont de l’ambiance Basque à la bonne cuisine française en passant par la Thaïlande !
En Pratique :
- Des chaussures qui permettent de marcher, mais tout de même pas la paire pour faire des randonnées.
- Ce n’est pas la peine d’emmener un peu d’eau avec soi, car il y a de nombreuses tavernes qui jallonnent le parcours pour faire une pause.
- Attention : sans être sportive, cette petite promenade urbaine, de quelques 7 kms, nécessite tout de même de monter quelque peu la « colline » de la Croix-Rousse.