Beaucoup d’énergie se gâche et d’objectifs se perdent dans l’usage du conditionnel...

Le conditionnel doit être utilisé lorsqu’il y a une condition, par exemple “s’il pleuvait, je « prendrais » mon parapluie”.

Oui mais voilà, à l’instant présent, soit il pleut et je le prends, soit il ne pleut pas et je ne le prends pas.
Ainsi on ne parle jamais à l’indicatif en utilisant le conditionnel, qui a dit un jour « Je sors, je prendrais mon pararapluie » ?
Alors que le « Je sors, je prends mon parapluie » est de fait plus coutumier, et surtout plus en adéquation avec l’action.

On ne doit pas non plus parler à l’impératif en utilisant le conditionnel.
Si l’on ne veut pas être trop impérieux, au lieu de « Faites » on dira « Il faut que vous fassiez », mais surtout pas « Il faudrait que vous fassiez ».
Parce que si l’on vous dit « Il faudrait », vous vous demanderez sans aucun doute « Dans quel cas il faudrait, et dans quel cas il ne faudrait pas ? »...

Le « Il faudrait que vous fassiez cela » ou « Il faudrait que vous atteignez cet objectif » est incomplet, il y manque la proposition qui justifie le conditionnel : « Si vous voulez être augmenté et promu, il faudrait... » ou « Pour éviter que vous ayez le problème de ..., il faudrait... ».
S’il n’y a pas de condition, c’est soit :
— « Atteignez cet objectif », si l’ordre se veut être impératif,
— « Vous devez atteindre... » si la hiérarchie veut que la personne soit sujet,
— « Il faut que vous atteignez » si le supérieur veut que cette consigne ne dépende ni de lui ni de son collaborateur (forme impersonnelle donc plus neutre),
— « Je veux que vous atteignez... » si le donneur d’ordre veut signer sa directive ou s’engager lui-même dans la réussite du subordonné.
Comme on peut le deviner, sans condition(s), c’est la porte ouverte aux interprétations... Et à la perte du sens de l’ordre.

Certains, à titre personnel comme au travail, multiplient les « Je souhaiterais » et semblent s’étonner du peu de résultats.
« Je souhaite » est déjà moins énergique que « Je veux », mais « Je souhaiterais » est encore moins qu’un souhait... C’est un souhait conditionnel !

Alors engageons-nous dans nos verbes.
Et proscrivons le conditionnel !

A partir d’aujourd’hui essayez donc d’appliquer le “Je ne parle pas au conditionnel, je m’engage !” !

P.-S.

  • Photo : « Au Revoir Parapluie » de James Thierrée (petit fils de Charlie Chaplin) pièce jouée par le Cirque Invisible, s’impose dans toute sa complexité comme un regard simple sur l’existence, qui peut être tour à tour joyeuse et drôle, terrifiante ou folle. D’une absurdité d’autant plus délirante qu’elle est inattendue, à chaque seconde supplémentaire surgit la contraction de la précédente, sans d’autre désagrément que celui de se rappeler la possible et définitive interruption de chaque image qui nous parvient...